Des Livres pour revenir à Soi Ecrire Un lieu à Soi Une Femme - Une Voix

Se retirer du monde,

C’est le titre qui me plaît au départ : Le parfum des fleurs la nuit.

L’auteure, je la connais peu, lu peut-être Dans le jardin de l’Ogre et Chanson Douce, entendue encore dans l’émission livresque.. Et puis, ce titre, fleuri, un appel à la poésie, accrocheur et délicat , qu’y a t-il donc dedans ? L’auteure passe une nuit seule enfermée dans un musée Vénitien et n’a pour seul objectif que d’en écrire un livre, suite à une proposition de son éditrice, pour la nouvelle collection « Ma Nuit au musée« .

Dans les pages, dès le début, ces mots : « La première règle quand on veut écrire […], c’est de dire non. […] Dire non et passer pour misanthrope, arrogant, maladivement solitaire. Eriger autour de soi un mur de refus contre lequel toutes les sollicitations viendront se fracasser. […] L’écriture est discipline. Elle est renoncement au bonheur, aux joies du quotidien. […]. La réclusion m’apparaît comme la condition nécessaire pour que la Vie advienne. Dans cet espace clos, je m’évade. Je ne me ferme pas au monde, au contraire, je l’éprouve avec plus de force que jamais ».

J’ai lu les premières phrases de ce livre déniché à Lyon samedi, en rentrant à la maison, à l’heure où le jour se défait lentement. Les enfants derrière regardaient un dessin-animé , lui conduisait, rassurant. Je me suis perdue avec délectation dans mon monde de solitude, dans ce droit d’aimer tant être seule, moi qui peine à y voir le juste, moi qui tangue à chaque refus des autres, à chaque non que j’oppose, comme quelque chose que je paierai un jour, forcément...Ces mots m’ont fait bien, j’ai su déjà, que je les relirai souvent, que je les noterais ici. Une chambre à soi, toujours…

Aimer être seule et en avoir besoin, vivre dans un monde à part, où ce qui nous parle n’a d’âme que celle qu’on lui invente. « Détester les clichés et les lieux communs, les phrases toutes faites » et débattre du temps qu’il fait. Horreur.

Je veux raconter le temps qui est là, le décrire amplement et raconter l’histoire que me content les nuages, transcrire la joie que m’infusent les chants d’oiseaux, brûler de ravissement à capturer l’hiver et sa lumière, être riche de ma candeur et mon monde intérieur, m’aimer ainsi, de plus en plus…Ainsi sois-je ! Dessiner des oiseaux, poster de la douceur, rêver longtemps, ranger toutes mes idées, me coucher tôt, étreindre le monde à ma façon, dans mes couleurs et le format qui me convient.

Merci Leila, de raconter si bien, le droit et le besoin de se taire et de se réfugier. De dire non et se tenir tranquille. D’être trouble et tiraillée : « Mon existence est toute entière travaillée par le tiraillement entre le souhait de rester en repos dans ma chambre et l’envie, toujours, de me divertir, de me frotter aux autres, de m’oublier. J’ai à la fois le désir de me discipliner, de me tenir tranquille et celui de m’arracher à mon état, à mon origine et de conquérir, par le mouvement, ma liberté.

« Je vis dans cet inconfort constant : peur des autres et attraction pour eux, austérité et mondanité, ombre et lumière, humilité et ambition ».

Elle voudrait se retirer du monde. Entrer dans son roman comme on entre dans les ordres. Faire voeu de silence, de modestie, d’entière soumission à son travail. « Je voudrais n’être dévouée qu’aux mots, oublier tout ce qui fait la vie quotidienne, n’avoir à me préoccuper de rien d’autre que du destin de mes personnages« 

Moi aussi ! Chère Leila, merci.

Le Parfum des fleurs la nuit. Leila Slimani. Editions Stock – Une nuit au musée.

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